vendredi 17 avril 2015

Après 4 semaines de stage ...

Me voici à mi-stage. 4 semaines de faîtes, 4 semaines à faire. L'heure de faire un petit bilan ...


Après des débuts pas toujours évidents, en terme d'accueil, d'encadrement, de repères aussi, j'ai petit à petit intégré le fonctionnement propre à cet hôpital de Port-au-Prince, qui je le rappelle est un établissement privé. Les hôpitaux publics fonctionnent différemment. 
En poste au pavillon (bâtiment qui regroupe l'ensemble des 40 chambres individuelles que propose l'hôpital) et sous la bienveillance de Miss Bernadotte à laquelle j'ai souvent fait allusion dans mes premiers articles, j'ai eu à m'occuper de patients variés, tant par leur pathologie, que par leur âge, leur personnalité également.

Miss Bernadotte


Il m'a fallu du temps pour comprendre le fonctionnement du service, la logique de la prise en charge, les multitudes de petits réflexes à adopter.
Par exemple, un jour, on me demande de retirer une perfusion qui est terminée, afin de la remplacer par une nouvelle. Je retire donc le tout, poche et tubulure, que j'évacue à la poubelle, comme on le fait en France. Sauf qu'ici, on économise au maximum, donc on ne jette surtout pas la tubulure qui ressert avec la nouvelle poche ! Il ne faut jamais oublier que le patient paye ...
Il en est de même pour les cathéters. Si un patient est difficile à piquer et qu'il nécessite plusieurs tentatives, on utilise la même aiguille, jusqu'à 3, 4 parfois 5 fois. Chez nous, on remplace l'aiguille après chaque tentative échouée ...

Pendant cette première période, j'ai pu exécuter des gestes techniques. En voici quelques uns :
Pose d'une perfusion chez un patient d'une quarantaine d'année. Je suis accompagné par Miss Germain, une infirmière. Je repère une veine de l'avant-bras qui me semble bien se présenter, prête à accueillir mon aiguille avec le sourire ! 
Préparation, aseptie, gants, et me voilà parti avec mon aiguille qui hésite. Je force d'avantage, mais rien n'y fait, l'aiguille fait un blocage ! Impossible de pénétrer l'épiderme. Je mets cela sur le compte de la peau tannée du travailleur manuel. Miss Germain essaye à son tour. Elle n'y parvient pas d'avantage. Nous changeons d'aiguille et de site. Cette fois-ci, j'essaye sur la paume de la main. La veine est belle ... Et l'aiguille  s'enfonce enfin comme dans du beurre. Il s'avère que la première avait un défaut. Mal aiguisée pourrait-on dire. Et cette situation se reproduira une seconde fois pour moi ... Bien désolé pour les patients qui en ont subi les désagréments. Imaginez qu'on vous pique comme un forcené avec une aiguille qui ne rentre jamais dans la peau ! Bon, ok j'arrête, j'en imagine certains qui tournent de l'oeil !

Pose d'une sonde naso-gastrique (tube qui va du nez à l'estomac, en passant par l'intérieur bien sûr ...). En général c'est pour alimenter une personne qui ne peut pas avaler d'elle-même, ou lui administrer des médicaments. 
Je n'avais encore jamais pratiqué cet acte. C'est forcément très désagréable pour le malade. Notre patient a 69 ans. Il est peu conscient. Mais cet acte invasif ne lui convient pas du tout. Alors que j'enfile le tube le plus délicatement possible dans sa narine droite, il gémit et se met à tousser, ce qui peut avoir pour effet de refouler la sonde par la bouche. C'est assez fréquent et l'opération est à refaire. Pour mon cas, l'évolution du tube dans la gorge puis dans l'oesophage se déroule plutôt bien. On vérifie que le tube n'a pas pris le trajet de la trachée pulmonaire en plongeant l'autre extrémité dans un récipient d'eau. S'il n'y a pas de bulle, on est sur le bon chemin. Une fois le tube arrivé à l'estomac, il ne reste qu'à le fixer au niveau du nez pour qu'il ne ressorte pas. J'ai essayé d'accompagner mon geste avec des mots rassurants, mais le vieux malade n'a pas cessé de râler et gesticuler la tête.
Je lui administre alors un médicament dilué dans de l'eau avec une grosse seringue. C'est au moment de détacher la seringue de l'embout que l'estomac du patient est pris d'une violente crampe qui a pour effet d'éjecter une partie de ce que je viens d'injecter, arrosant par la même occasion ma belle blouse d'infirmier !

Voilà, j'arrête là pour les détails techniques, n'étant pas sûr que tout le monde apprécie la description de ce genre de pratique ...
Ce qui est sûr, c'est que ces quatre semaines m'ont permis de voir beaucoup de choses, de mieux comprendre les maladies et leur prise en charge (grâce également à la présence des médecins) et de faire du lien avec ce que l'on nous apprend en théorie. Le tout teinté d'une différence culturelle qu'il faut apprendre petit à petit à décoder ...

Dans l'office infirmier, les casiers des patients
et au-dessus les alarmes (ampoules) des chambres


Miss Orgella remplit les dossiers de soins ...

Selfie avec Miss Compère !


D'un point de vue relationnel, mes collègues infirmières ont elles aussi peu à peu accepté ma présence parmi elles, et des échanges sympas et riches ont pu avoir lieu entre nous. 

Une page se tourne, car dés lundi, je change de service, pour 4 nouvelles semaines dans le service chirurgie et urgences. Une autre aventure commence ...